Une dizaine de minutes plus tard, l’esprit bouillonnant, il détacha ses yeux des courbes féminines qui s’étalaient pleine page sur le périodique pour illustrer un article, signait René B et intitulait : « Il était une fois…la Chouette ». Il se redressa et d’un pas décidé gagna la cave. (...)
Il détailla avec soin l’image, aux contours flous, que lui renvoyait le miroir piqué et couvert de crottes de mouches.
Il haussa les épaules, se racla la gorge, puis, il se pencha légèrement en avant et cracha dans le lavabo.
(...)
Homicide sans raticide
Chemin de traverse N°13 (traduit en Espagnol sur http://sapiens.ya.com/khangen/)
Sous un soleil métallique, la ville étalait ses bâtiments le long du fleuve sinueux et noirâtre. Et, alors que les humains vaquaient à leurs occupations journalières, les égouts vomissaient inlassablement un liquide immonde et visqueux dans les eaux putrides du fleuve. (...)
Le document avait été découvert cinq mois plus tôt. Dans le secteur Nord. Dans le puits numéro cinq ; dans celui qui devait abriter le réacteur principal.
Il avait été transmis au haut comité. Immédiatement.
(...)
L’astre atteignait son zénith quand Madame Nathalie Fauvette s’engagea, sur sa vélo, dans l’étroite rue du Bar. Fendant les vapeurs de goudron qui stagnaient entre les bâtisses, elle avançait lentement. Et 1e clapotis de l’asphalte, qu’elle arrachait à la chaussée, semblait engluer sa bécane. (...)
Jean Philippe Legrand quitta son luxueux bureau, situé au dixième étage d'une tour exclusivement réservé au monde des affaires, avec aux lèvres un sourire indéfinissable ; si tout se déroulait comme prévu, dans quelques heures, il n'aurait plus à partager le pouvoir, il serait seul à diriger les destinées de la société, seul à bénéficier de sa prospérité. (...)
Taille standard, poids moyen, yeux sans éclat, cheveux ni courts ni longs... Monsieur Jean Batiste Glas était un individu banal, anodin... inexistant ! Et il s’enorgueillissait de l’être ! (...)
La quiétude et la joie de vivre régnaient, sans partage, dans la rue Gama, qui baignait dans la douce lumière d’un matin de printemps, d’un de ces matins où le soleil levant caresse les façades balayées par un petit vent suave, chargé des senteurs sucrées de la nature en éveil (...)
Mar L. Boro était un petit homme rondouillard, au crâne dégarni ; ces yeux protubérants l’apparentaient plus à la famille des batraciens qu’à celle des hominides et les trois verrues qui ornaient son nez n’infirmaient pas ce diagnostic. (...)
Il était d’humeur massacrante. Sur son visage, se dessinaient la colère et la haine qui lui tordaient le ventre.
Et cette merde durait depuis des mois !
(...)
Pour soustraire ses lèvres à la bouche vorace qui bavait sur son visage, elle ploya son corps en arrière. Mais l’homme, qui lui avait tordu le bras derrière le dos, exerça une violente pression dans le creux de ses reins. Elle sentit contre son ventre le sexe durci de son agresseur. (...)
Le front ruisselant de sueur, un léger chemisier collé à la peau, elle pédalait avec lassitude, dévoilant à chaque tour de roue, ses cuisses brunes et fines.
(...)
Que rencontra son regard ? Sur quel objet, sur quel visage se posa-t-il ? Le bleu de ses yeux, qu’elle venait de dévoiler , tomba-t-il sur le visage souriant de son ami ? Allait-elle se précipiter dans ses bras puissants, écraser ses lèvres de sa bouche avide et, de sa langue vorace, forcer sa cavité buccale ? Se préparait-elle à nouer solidement ses jambes autour de sa taille, à frotter son corps au sien d’une ondulation langoureuse et pressante ? Collés l’un à l’autre allaient-ils basculer sur une couche défaite ? Leurs mains affolées et fébriles allaient-elles courir sur leurs corps allongés, sauter les ultimes obstacles de tissus qui les protégeaient ? (...)
René Charles de Villemur avait vécu une journée éprouvante. La lecture du Radical en éradiquerait, peut-être le souvenir. Il déplia le journal et ses yeux de tombèrent sur l’interview du grand spécialiste des lieux clos B.René (...)
Il fixa un instant le plafond puis, d’un pas incertain, gagna la salle de bain et déverrouilla le robinet d’eau froide. Il observa la vasque se remplir avant d’y plonger la tête.
Il se doucherait après avoir bu un café.
(...)
René Charles l’identifia aussitôt, comme appartenant à la cohorte d’hommes qui évoluent dans les égouts du pouvoir, à l’un des artisans de la réal politique qui, à l’époque de la lutte Est-Ouest, avaient théorisé le soutien aux forces politiques les plus obscures. (...)